Résumés de décisions

Fin et renouvellement du bail

Le Tribunal met à votre disposition des résumés de décisions portant sur différents sujets. 

Cet outil pourrait vous être utile pour rédiger votre demande ou encore dans le cadre d’une séance de conciliation. Par exemple, il pourrait vous aider à estimer le montant des dommages et intérêts auquel vous avez droit ou encore la nature des ordonnances susceptibles d’être émises par le Tribunal.

Avertissement

Les exemples de jugements qui suivent sont présentés à titre indicatif seulement. 

Plusieurs facteurs peuvent influencer la décision d’un juge administratif. Il peut s’agir d’une clause prévue au bail, de la pertinence et de la qualité de la preuve soumise, etc. En résumé, chaque cas est différent et chaque décision dépend de la preuve qui sera faite au Tribunal. 

Nature du problème

Logement à loyer modique

Sous-location interdite

Airbnb

Résumé de la demande

Le locateur demande la résiliation du bail.

Résultat

Le bail est résilié.

Motifs

La locataire a l’obligation d’informer le locateur lorsqu’il y a ajout d’occupant (art. 18 Règlement sur les conditions de location des logements à loyer modique).

La location quotidienne d’un logement par le biais d’Airbnb constitue un changement de vocation de l’immeuble.

Ces locations représentent des risques additionnels pour le locateur.

Jugement complet

Office municipal d’habitation de Sept-Îles c. Jomphe (26 juin 2018)

 

Nature du problème

Incendie

Résumé de la demande

Le locataire demande :

  • 14 905 $ en dommages-intérêts
  • qu’il soit ordonné au locateur de lui louer le logement qu’il habitait avant l’incendie
Résultat

Le locataire ne peut réintégrer son logement après l’incendie.

Aucune somme n’est accordée au locataire pour les dommages qu’il a subis à cause de l’incendie.

Motifs

L’incendie a entraîné la perte complète de l’immeuble.

L’objet du bail, soit le logement, a été entièrement détruit.

Avis d’abandon non requis pour être dispensé de payer le loyer.

Absence de responsabilité du locateur pour les dommages subis par le locataire à cause de l’incendie.

Incendie causé par un autre locataire – force majeure.

Jugement complet

Primeau c. 9287-2878 Québec inc. (14 janvier 2019)

 

Nature du problème

Le locataire refuse de quitter son logement.

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • l’autorisation de reprendre le logement du locataire afin d’y loger ses 2 filles, à compter du 1er juillet 2019
Résultat

La juge administrative :

  • a rejeté la demande du locateur parce qu’elle ne respecte pas les critères établis à l’article 1963 du Code civil du Québec
Motifs

L’avis de reprise contient une erreur de date puisqu’il précise que le locateur entend reprendre le logement visé à l’expiration du bail, soit le 1er janvier 2019.

Il ne s’agit pas d’une banale erreur d’écriture, car la loi exige que l’avis soit donné dans un délai d’au moins 6 mois avant l’expiration du bail.

Le locateur n’a pas convaincu le Tribunal que sa démarche ne constitue pas un prétexte pour atteindre une autre fin considérant notamment les relations difficiles entre le locateur et le locataire et le caractère de courte durée de l’occupation.

Jugement complet

Felizaire c. Assio (31 janvier 2019)

 

Nature du problème

Reprise de logement

Indemnité (art. 1967 C.c.Q.)

Résumé de la demande

Les locateurs demandent :

  • l’autorisation de reprendre le logement du locataire pour y loger leur fille à compter du 1er juillet
Résultat

Le locateur sont autorisés à reprendre le logement.

Des indemnités de 1 900 $ pour les frais de déménagement et de 100 $ pour les frais de branchement à différents services sont accordés à la locataire.

Motifs

Le fait que la locataire a pu bénéficier d’un loyer inférieur au marché n’est pas un facteur prohibant la reprise du logement, bien que cela puisse amener le Tribunal à se questionner sur le motif du locateur.

La Régie du logement ne peut accorder des dommages-intérêts à la locataire sous quelque forme et à quelque titre que ce soit (ex. durée de l’occupation, enracinement dans le quartier, perte de temps pour trouver un autre logement, frais de peinture, etc.).

L’indemnité doit être limitée aux frais réels de déménagement.

Afin de déterminer l’indemnité, la Régie doit considérer la jurisprudence récente applicable, la taille du logement, le nombre d’occupants, la situation du logement (rez-de-chaussée ou logement sis à l’étage sans ascenseur) ou la présence de biens particuliers engendrant des frais supplémentaires de déménagement (par exemple, un piano).

Il est bien connu que les frais de déménagement en période de pointe, soit entre le 24 juin et le 7 juillet, avoisinent le double des frais habituels.

Jugement complet

Alcantara c. Gauthier (7 février 2019)

 

Nature du problème

Le locateur a avisé les locataires qu’il désirait reprendre leur logement pour s’y loger.

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • l’autorisation de reprendre le logement des locataires pour s’y loger
Résultat

La juge administrative :

  • a autorisé le locateur à reprendre le logement
  • a accordé une indemnité de 1 500 $ aux locataires pour les frais résultant du déménagement
Motifs

Le locateur a prouvé qu’il entend réellement reprendre le logement pour s’y loger et qu’il ne s’agit pas d’un prétexte pour atteindre une autre fin.

Il n’est pas nécessaire que l’occupation du logement soit continue pour que la reprise soit considérée comme permanente.

Le locateur peut choisir d’y habiter de façon intermittente comme dans un pied-à-terre ou à temps partiel, pourvu que l’occupation ne soit pas temporaire.

Le locateur ne dispose pas d’autres logements de cinq pièces et demie qui seraient libres.

Jugement complet

Crocco c. Perron (19 février 2019)

 

Nature du problème

La locataire ne respecte pas une ordonnance de payer son loyer le 1er jour de chaque mois.

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la résiliation du bail
  • le recouvrement du loyer impayé
Résultat

La juge administrative :

  • reconduit l’ordonnance rendue à l’endroit de la locataire pour une durée de 24 mois
Motifs

La locatrice a encaissé le paiement des loyers en retard sans réserve et sans protester.

La locatrice a alors renoncé implicitement à demander la résiliation du bail pour défaut de respect de l’ordonnance.

Jugement complet

Tremblay Gattillo c. Fajardo (18 mars 2019)

 

Nature du problème

Le locataire refuse la demande de reprise de possession des lieux loués formulée par la locatrice.

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • l’autorisation de reprendre le logement du locataire pour s’y loger
Résultat

La juge administrative :

  • a autorisé la locatrice à reprendre le logement
  • a accordé une indemnité de 3 500 $ au locataire pour les frais reliés à son déménagement
Motifs

La locatrice est âgée de 80 ans.

L’article 1959.1 du Code civil du Québec vise la protection des aînés, sous réserve de remplir certaines conditions, dans le contexte d’une demande de reprise de logement ou d’éviction.

Malgré l’âge du locataire (70 ans) et le fait qu’il réside dans le logement depuis 10 ans, la locatrice peut obtenir la reprise en raison de son propre âge et de son intention s’y loger.

Jugement complet

Dubois c. Aspell (18 avril 2019)

 

Nature du problème

Reprise de logement

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • l’autorisation de reprendre le logement de la locataire pour y loger son oncle, âgé de 84 ans, dont il est le principal soutien
Résultat

Le locateur est autorisé à reprendre le logement.

Une indemnité de 1 800 $ est accordée à la locataire pour les frais reliés à son déménagement.

Motifs

Le locateur est, pour son oncle, le seul membre de la famille vivant au Canada.

Le sens à donner au mot « soutien » et à l'expression « principal soutien » doit être large et général.

Le locateur a démontré que la reprise qu’il souhaite exercer :

  • vise à loger son oncle près de lui afin de subvenir à ses besoins sur les plans moral, psychologique, familial et social
  • n’a pas pour objectif d’évincer la locataire
  • ne constitue pas un prétexte pour atteindre d’autres fins
Jugement complet

Ignelzi c. Girard (23 avril 2019)

 

Nature du problème

Le locateur a transmis un avis d’éviction à la locataire puisqu’il désire agrandir substantiellement son logement.

Résumé de la demande

La locataire s’oppose à l’avis d’éviction.

Résultat

L’opposition de la locataire à l’avis d’éviction est accueillie.

Motifs

Le locateur devait démontrer qu’il entendait réellement agrandir les lieux loués et que la loi le permet.

Le sérieux d’une démarche (faisabilité) se démontre par une analyse rigoureuse du cadre financier, la préparation de plans, l’expertise de professionnels, la soumission du coût de tels travaux ou l’obtention des permis requis.

Le locateur n’a pas établi la faisabilité de son projet sur le plan structurel ni la conformité aux normes réglementaires applicables des travaux à entreprendre, car aucun projet complet n’a été soumis à la municipalité.

Il serait déraisonnable de forcer l’éviction de la locataire alors que l’agrandissement projeté par le locateur est encore aléatoire, hypothétique, incertain et indéterminé.

Jugement complet

Doyle-Gosselin c. 9299-2551 Québec inc. (25 avril 2019)

 

Nature du problème

Reprise de logement

Résumé de la demande

Le locateur demande l’autorisation de reprendre le logement du locataire.

Résultat

La demande du locateur est rejetée.

Motifs

L’avis de reprise doit indiquer la date prévue pour l’exercer, le nom du bénéficiaire et, s’il y a lieu, le degré de parenté ou le lien du bénéficiaire avec le locateur (art. 1961 C.c.Q.).

L’expression « à des fins personnelles » figurant dans l’avis ne permet pas au locataire de connaître le bénéficiaire de la reprise de son logement.

Si le locataire refuse de quitter le logement, le locateur doit déposer sa demande dans le mois suivant le refus (art. 1963 C.c.Q.).

La demande du locateur a été introduite hors délai.

Jugement complet

Arseneau c. Gagnon (26 avril 2019)

 

Nature du problème

Le locataire souffre de lombalgie chronique avec sciatalgie. Sa condition s’est détériorée depuis le début de l’occupation du logement.

Il a transmis un avis de résiliation du bail en vertu de l’article 1974 C.c.Q. (motif handicap) accompagné d’un avis médical.

Résumé de la demande

Le locatrice demande :

  • le recouvrement du loyer non payé au moment du départ des locataires, le 25 juillet 2017
  • des dommages-intérêts pour perte de loyer (4 mois, soit d’août à novembre) et le nettoyage du logement (200 $)
  • une indemnité de relocation de 1 015 $ (frais d’énergie, de dépistage et de publicité)
  • des frais bancaires de 25 $

(loyer mensuel de 1 100 $)

Résultat

La demande du locateur est accueillie en partie.

L’avis transmis par le locataire est valide et celui-ci est condamné à payer à la locatrice :

  • 2 479 $ à titre de loyer jusqu’à la résiliation du bail le 7 septembre 2017
  • 200 $ pour les coûts de nettoyage du logement
  • 5 $ à titre de frais bancaires pour le chèque qui lui a été renvoyé pour cause de provisions insuffisantes (préjudice réel)
Motifs

L’article 1974 C.c.Q. autorise un locataire qui souffre d’un handicap à se libérer de son bail pour un logement qu’il ne peut plus occuper en raison de ce handicap.

Le locataire doit donner un avis préalable de 2 mois et l’accompagner d’une attestation médicale.

Le locataire ne pouvait plus habiter le logement puisqu’un escalier y donnait accès.

Le bail a été officiellement résilié 2 mois après l’envoi de l’avis à la locatrice, soit le 7 septembre 2017.

Jugement complet

9269-6111 Québec inc. c. Faguy (30 avril 2019)

 

Nature du problème

Modification d’une condition du bail

Résumé de la demande

Les locateurs demandent :

  • la fixation du loyer
  • la modification du bail afin qu’il soit interdit aux locataires de fumer du tabac et du cannabis dans leur logement et dans les aires communes de l’immeuble
Résultat

Il est pris acte de l’entente intervenue entre les parties augmentant le loyer mensuel de 10 $.

La demande de modification du bail est rejetée.

Motifs

Une demande en modification des conditions d’un bail en vertu de l’article 1947 C.c.Q. ne peut viser à sanctionner l’inexécution d’une obligation contractuelle par un locataire (en l’occurrence, les allégations de nuisance occasionnée par la fumée secondaire de cannabis).

Lorsqu’un locataire ne respecte pas ses obligations, le locateur a des recours, dont celui prévu à l’article 1863 C.c.Q.

L’ajout au bail d’une clause d’interdiction de fumer dans le logement et les aires communes de l’immeuble porte atteinte au droit au maintien dans les lieux des locataires, qui ont droit au respect de leur vie privée.

Jugement complet

Thiboutot c. Morin-Courchesne (23 mai 2019)

 

Nature du problème

Cession de bail

Refus injustifié

Résumé de la demande

Le locataire demande :

  • statuer sur les motifs de refus
  • statuer sur la validité de la cession

La locatrice demande :

  • la résiliation du bail
  • le recouvrement d’une balance du mois de mai 2019 (178,06 $)
Résultat

Le bail est résilié rétroactivement au 1er mai 2019 aux torts de la locatrice.

Motifs

Le locataire a le droit de céder son bail et la locatrice ne peut contourner ce droit en lui offrant plutôt de résilier le bail.

La locatrice doit entreprendre les démarches nécessaires pour obtenir les renseignements pertinents afin de prendre sa décision.

La locatrice n’a pas démontré le motif sérieux de son refus.

Le candidat s’est trouvé un autre logement en raison du refus injustifié de la locatrice d'autoriser la cession.

Jugement complet

Laflamme c. Gestion Reluc inc. (6 juin 2019)

 

Nature du problème

Le locateur a jeté les biens de la locataire qui se trouvaient dans le logement.

L’assureur de la locataire lui a versé la somme de 2 769 $ à titre d’indemnité.

Résumé de la demande

L’assureur de la locataire demande au locateur 2 769 $ en dommages-intérêts.

Résultat

Le Tribunal accorde à l’assureur :

  • 1 091 $ en dommages-intérêts
Motifs

Afin de pouvoir se départir d’un bien considéré comme oublié, le locateur doit donner un avis de 90 jours.

Dans l’éventualité où le bien ne peut être vendu ni donné, le locateur peut s’en départir.

Le locateur a commis une faute engageant sa responsabilité en ne respectant pas les articles 944 et 945 C.c.Q.

La locataire n’est pas sans reproche : alors qu’elle ne devait emménager que le 20 juillet, elle n’a pas informé le locateur qu’elle déménageait certains de ses biens avant cette date. Elle doit donc supporter une part de responsabilité, que le Tribunal fixe à 20 %.

Étant donné que les biens jetés ont été achetés par la locataire 6 ans avant les événements, au coût total de 1 818 $, le Tribunal fixe leur dépréciation à 25 %.

Jugement complet

Promutuel Chaudière-Appalaches (Plante) c. Location Laitram inc. (6 juin 2019)

 

Nature du problème

Le 9 mars 2010, le conseil d’administration de la locatrice a adopté une résolution par laquelle le règlement de l’immeuble a été modifié afin que les chiens soient désormais interdits.

Les locataires qui possédaient déjà un chien bénéficiaient de droits acquis, mais ne pouvaient remplacer l’animal.

Le 29 juin 2017, le règlement en question a de nouveau été modifié afin d’interdire totalement la possession d’un chien, sans égard aux droits acquis.

Résumé de la demande

La locatrice demande qu’il soit ordonné aux locataires de se départir de leurs chiens ou, à défaut, la résiliation du bail.

Résultat

Les demandes de la locatrice sont rejetées.

Motifs

Pour modifier les conditions du bail des locataires, la locatrice devait leur donner un avis à cet effet dans les délais prescrits (art. 1942 C.c.Q.), ce qu’elle n’a pas fait.

La locatrice ne pouvait demander aux locataires de signer un document aux termes duquel ils acquiesçaient à la modification apportée à leur bail sans possibilité de la refuser.

Jugement complet

Office municipal d’habitation de la Plaine de Bellechasse c. Therrien (11 juin 2019)

 

Nature du problème

Modification unilatérale des conditions du bail

Frais d’électricité

Consommation de cannabis dans le logement

Résumé de la demande

Le locataire demande :

  • 100 $ par mois en diminution de loyer

(loyer mensuel de 350 $, y compris les frais d’électricité)

  • 5 000 $ en dommages moraux
  • 9 900 $ en dommages-intérêts (perte de revenus)

Le locateur demande :

  • la résiliation du bail
  • 13 709 $ en dommages-intérêts (frais d’énergie et de publicité et perte de revenus)
Résultat

Le tribunal accorde au locataire :

  • 1 440 $, ce qui représente une diminution de loyer de 60 $ par mois pour la période durant laquelle il a payé les frais d’électricité, soit du 1er juin 2017 au 14 mai 2019.
  • La diminution de loyer s’applique à compter du 1er juin 2019 et continuera de s’appliquer tant et aussi longtemps que le locataire supportera les frais d’électricité de son logement.
Motifs

Même si le locateur peut être insatisfait de la consommation d’électricité du locataire, il ne peut modifier unilatéralement et sans droit les conditions du bail et exiger du locataire qu’il supporte dorénavant les frais d’électricité du logement.

La simple affirmation du locateur voulant que la consommation de cannabis du locataire lui fasse perdre des locataires est insuffisante pour faire droit à sa demande de résiliation du bail.

Jugement complet

Lafleur c. Thiffault (3 juillet 2019)

 

Nature du problème

Le locateur a avisé le locataire qu’il désirait reprendre son logement pour y loger sa fille.

Vulnérabilité du locataire

Location du logement à un tiers

Résumé de la demande

Le locataire demande :

  • 10 000 $ en dommages moraux
  • 10 000 $ en dommages punitifs
Résultat

Le tribunal accorde au locataire :

  • 3 500 $ en dommages moraux
  • 4 500 $ en dommages punitifs, ce qui représente l’augmentation du loyer du locataire durant 3 ans
Motifs

La bonne foi d’un locateur s’analyse au moment de l’envoi de l’avis de reprise du logement et tout au long de ce processus.

Le locateur n’a pas expliqué pourquoi son projet de reprise avait échoué.

Il n’a pas demandé l’autorisation du tribunal pour remettre le logement en location, contrairement à ce que prévoit l’article 1970 C.c.Q.

Le locataire a prouvé que la reprise de son logement avait été faite de mauvaise foi.

Jugement complet

Letalien c. Leduc (3 juillet 2019)

 

Nature du problème

Entente de résiliation du bail

Menace du locateur

Validité du contrat

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • l’expulsion du locataire
Résultat

La demande du locateur est rejetée puisque l’entente de résiliation du bail est nulle.

Motifs

Le consentement d’une partie à une entente doit être libre et éclairé (art. 1399 C.c.Q.).

En omettant de rappeler au locataire qu’il bénéficie d’un droit au maintien dans les lieux et en laissant entendre qu’il pourrait être évincé du logement dès le lendemain avec le concours des forces policières, le locateur a volontairement inspiré et provoqué la crainte chez le locataire, et ce, dans l’objectif de lui faire signer l’entente de résiliation du bail.

Le consentement du locataire a alors été vicié par la crainte.

Jugement complet

Freundlich c. Simeon (5 juillet 2019)

 

Nature du problème

Omission des locateurs d’exécuter des travaux dans le logement

Refus des locataires de prendre possession du logement

Résumé de la demande

Les locataires demandent :

  • la résiliation du bail rétroactivement au 1er juillet 2014
  • 8 000 $ en dommages moraux
  • 5 084 $ en dommages matériels
  • 790 $ en remboursement de sommes payées en trop aux locateurs (dépôt de sécurité et enquête d’identification, de solvabilité et de notoriété)

Les locateurs demandent :

  • 8 250 $ en indemnité de relocation représentant le loyer des mois d’août 2014 à juin 2015
  • 1 771 $ en dommages matériels (frais de publicité et d’énergie)
  • 500 $ en dommages moraux
Résultat

Le tribunal accorde aux locataires :

  • 2 500 $ en dommages moraux
  • 1 470 $ en dommages matériels
  • 790 $ en remboursement de sommes payées au moment de la signature du bail

Le bail est résilié à compter du 1er juillet 2014, au tort des locateurs.

Motifs

Aucun des travaux que les locateurs s’étaient engagés à exécuter lors de la conclusion du bail n’avait encore été réalisé au moment où les locataires devaient prendre possession du logement, soit le 1er juillet 2014.

Les manquements des locateurs à leurs obligations empêchaient l’usage de certaines composantes du logement ou en diminuaient substantiellement l’usage, ce qui a causé un préjudice sérieux aux locataires.

Le fait de se retrouver à la rue le 1er juillet a été lourd de conséquences sur la santé et le bien-être général de la locataire, dont la détresse s’est transformée en dépression.

Jugement complet

Bourré-Carvajal c. Latour (10 juillet 2019)

 

Nature du problème

Production de cannabis

Humidité

Moisissure

Résumé de la demande

Le locateur demande la résiliation du bail.

Résultat

Le bail est résilié.

Motifs

La culture de cannabis pratiquée dans le logement pendant une douzaine d’années constitue une activité illégale et un changement de destination du logement puisque tout un étage a servi à cette production.

Le locateur a subi un préjudice sérieux en raison des dommages causés à l’immeuble.

Jugement complet

Milot c. Belzile (3 septembre 2019)

 

Nature du problème

Plaintes répétées et non fondées

Résumé de la demande

La locataire conteste la décision de la Régie du logement ayant résilié son bail.

Résultat

La décision de la Régie est maintenue et le bail est résilié.

Motifs

La locataire, par ses plaintes répétées, excessives et souvent non fondées, a abusé de son droit de dénoncer les défauts de son logement.

La locataire a contrevenu à son obligation d’agir de bonne foi.

Les plaintes incessantes de la locataire ont causé un préjudice sérieux à la locatrice.

Jugement complet

Bonhomme c. Nguyen Luu (3 décembre 2019)

 

Nature du problème

Hospitalisation du locataire

Problèmes de santé mentale

Refus de remettre la clé du logement

Résumé de la demande

Le locataire demande :

  • des dommages matériels
  • des dommages moraux
  • des dommages punitifs
Résultat

Le tribunal accorde au locataire :

  • 923 $ pour les frais d’entreposage de ses biens
  • 1 000 $ en dommages moraux
  • 2 000 $ en dommages punitifs
Motifs

Le locateur avait l’obligation de livrer le logement à la date prévue au bail ou à la date convenue avec le locataire.

Le locateur ne pouvait mettre fin au bail parce qu’il craignait que le locataire ne paie pas son loyer en raison de ses problèmes de santé mentale.

Le locataire a été privé de la jouissance de son logement.

Jugement complet

Jefferson c. Huang (9 décembre 2019)

 

Nature du problème

Éviction

Changement d’affectation : location à des fins touristiques

Mauvaise foi

Résumé de la demande

Les locataires demandent :

  • des dommages-intérêts
  • des dommages moraux
  • des dommages punitifs
Résultat

Le tribunal accorde aux locataires :

  • 4 776 $ pour la différence de loyer qu’ils ont dû payer pendant 12 mois
  • 3 000 $ en dommages moraux
  • 2 000 $ en dommages punitifs
Motifs

Un locateur peut reprendre un logement s’il désire en changer l’affectation, ce qui doit être fait de bonne foi et ne doit pas constituer un prétexte.

Les locateurs étaient de bonne foi lorsqu’ils ont signé l’avis d’éviction mais ne l’ont pas été tout au long du processus puisqu’ils ont su avant de conclure l’entente d’éviction avec les locataires qu’ils ne pourraient réaliser leur projet.

Les locataires ont donc fait l’objet d’une éviction illégale.

Jugement complet

Jones c. Minguy Bédard (12 décembre 2019)

 

Nature du problème

Reprise de possession des lieux loués

Résumé de la demande

Les locateurs demandent l’autorisation de reprendre le logement pour y loger les parents de la locatrice.

Résultat

La demande est rejetée.

Motifs

Les parents de la locatrice ne vivent pas au Canada, et aucune demande de résidence permanente les visant n’a encore été déposée auprès des autorités de l’immigration.

Le projet des locateurs est trop embryonnaire et repose sur des aspects trop incertains pour permettre la reprise.

Jugement complet

Baccouche c. Chiab (18 décembre 2019)

 

Nature du problème

Handicap du locataire

Attestation médicale

Résumé de la demande

La locatrice demande 3 010 $, soit 7 mois de loyer (le loyer mensuel est de 430 $).

Résultat

Le tribunal constate la résiliation du bail et accorde à la locatrice 1 290 $, soit 3 mois de loyer.

Motifs

La loi permet à un locataire de résilier son bail avant la fin s’il ne peut plus occuper son logement en raison d’un handicap.

Le locataire doit donner un avis préalable de 2 mois et l’accompagner d’une attestation médicale.

Dans ce dossier, la locataire a démontré qu’elle a des problèmes de santé, mais il ne s’agit pas d’un handicap qui l’empêche d’occuper son logement.

Son départ constitue donc un déguerpissement.

Jugement complet

Résidence Le Baillairgé c. Corbin (6 janvier 2020)

 

Nature du problème

Reprise de possession des lieux loués

Changement du bénéficiaire

Résumé de la demande

La locatrice demande l’autorisation de reprendre le logement pour s’y loger.

Résultat

La demande est rejetée.

Motifs

La locatrice a signifié au locataire un avis de son intention de reprendre son logement à l’expiration du bail afin d’y loger son frère.

Toutefois, dans la demande d’autorisation qu’elle a déposée devant la Régie du logement, la locatrice avait indiqué qu’elle désirait reprendre le logement pour s’y loger.

Le fait que le bénéficiaire indiqué dans l’avis de reprise n’est pas la même personne que celle qui est mentionnée dans la demande d’autorisation est fatal à la demande de la locatrice.

Jugement complet

Jeanty c. Saucier (21 janvier 2020)

 

Nature du problème

Reprise de logement

Copropriété indivise

Convention d’indivision

Avis de reprise

Résumé de la demande

La locataire demande le rejet de la demande de la locatrice en reprise de possession du logement au motif qu’elle est irrecevable.

Résultat

La demande de la locatrice est irrecevable et est rejetée.

Motifs

La locatrice ne peut reprendre le logement pour elle-même, car elle n’est pas la seule propriétaire du duplex dans lequel il se trouve.

La locatrice a acheté l’immeuble en copropriété indivise avec sa sœur. La convention d'indivision par laquelle celles-ci se sont donné mutuellement la jouissance et l'usage exclusifs des 2 parties distinctes de l’immeuble ne change pas sa qualification de copropriété indivise.

Jugement complet

McElroy c. Vilnis* (25 mars 2020)

* Demande pour permission d’appel rejetée (C.Q., 2022-09-06) 460-80-001635-224.

 

Nature du problème

Renouvellement du bail

Avis de modification

Choix offert au locataire

Résumé de la demande

Le Tribunal doit se prononcer sur :

  • la validité d’un avis de modification du bail
  • la validité d’un avis de refus d’augmentation et de renouvellement du bail
Résultat

L’avis de modification du bail est déclaré invalide.

L’avis de refus d'augmentation du loyer et de renouvellement du bail est valide.

Le Tribunal accorde aux locateurs un délai de 1 mois à compter de la décision pour déposer une demande en fixation de loyer.

Motifs

Bien que la loi n'oblige pas le locateur à fournir un choix de réponses sur son avis de modification du bail, s'il décide de le faire, il doit être clair et proposer tous les choix possibles pour ne pas induire le locataire en erreur, ce qui est le cas dans cette affaire.

De plus, l’avis transmis à la locataire ne mentionnait aucun délai délai pour y répondre, contrairement à ce qui est exigé par la loi.

Jugement complet

Quevillon Charbonneau c. Fortin (2 juillet 2020)

 

Nature du problème

Modification du bail

Avis de modification

Pluralité de locataires

Résumé de la demande

Les locataires en appellent d’une décision de la Régie du logement ayant constaté le non-renouvellement de leur bail et ordonné leur éviction des lieux loués.

Résultat

L’appel est rejeté.

Motifs

Le locateur peut proposer une modification aux conditions du bail en transmettant un avis, que le locataire peut accepter ou refuser.

Le locataire qui ne répond pas à un avis de modification de bail du locateur au cours du mois ayant suivi sa réception est présumé avoir accepté les modifications proposées et le bail est alors reconduit aux nouvelles conditions par l'effet de la loi.

En cas de pluralité de locataires,chaque locataire doit en principe recevoir un avis de modification des conditions du bail et y répondre.

Par contre, lorsque la preuve établit que l'un des colocataires a donné à l'autre un mandat d'agir pour lui, la réponse à l'avis est alors considérée comme ayant été remise par les 2 locataires, ce qui est le cas en l'espèce.

Jugement complet

Diallo c. Dagenais (10 août 2020)

 

Nature du problème

Éviction

Changement d’affectation

Opposition

Résumé de la demande

Le locataire s’oppose au changement d’affectation des lieux loués.

Résultat

L’opposition du locataire est accueillie.

Motifs

La locatrice désire retirer le logement du marché locatif pour le convertir en place d'affaires.

La perte du caractère résidentiel du logement contrevient au règlement de zonage en vigueur.

Jugement complet

Lombardo c. 9253-7703 Québec inc. (14 août 2020)

 

Nature du problème

Fixation du loyer

Avis de modification du bail

Erreur d’écriture

Avis successifs

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la résiliation du bail
  • le recouvrement du loyer
Résultat

Le bail est résilié et le Tribunal accorde à la locatrice :

  • 16 000 $ à titre de loyers impayés
Motifs

La locatrice, une anglophone qui s'exprime dans un français au mieux approximatif, a commis une erreur de traduction dans son effort de fournir au locataire un avis de modification du bail en langue française.

La locatrice a donc envoyé un second avis au locataire afin de rectifier son erreur dans la rédaction du premier avis relatif à l'augmentation du loyer de 44 $, de sorte que le loyer mensuel de 2 250 $ passait à 2 294 $.

Le principe voulant que l'avis successif ne soit pas générateur de droit peut faire l’objet d'une exception lorsque celui-ci vise la correction d'une erreur matérielle, ce qui est le cas ici.

Jugement complet

Lee c. Choko (19 août 2020)

 

Nature du problème

Renouvellement du bail

Avis de modification

Avis rédigé dans une langue différente de celle du bail

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • de déclarer le bail résilié
  • d’ordonner l’expulsion du locataire

(loyer mensuel de 520 $)

Résultat

La demande de la locatrice est rejetée.

Le Tribunal déclare l’avis de reconduction et de modification du bail invalide et que le bail a été reconduit aux mêmes conditions.

Motifs

La locatrice a remis au locataire un avis de reconduction et de modification du bail, lequel était rédigé en français alors que le bail est en anglais; l'avis de reconduction doit être rédigé dans la même langue que le bail.

Le texte de l'avis ne permettait pas au locataire d'indiquer qu'il refusait la modification du loyer proposée mais qu'il désirait néanmoins reconduire le bail.

L’avis n'indiquait pas que le locataire pouvait refuser la modification proposée dans un délai de 1 mois suivant sa réception.

Puisque l'avis de reconduction et de modification du bail ne respecte pas la loi et que cette non-conformité cause un préjudice au locataire, il est déclaré invalide.

Jugement complet

6609 Parc c. Quinn (7 octobre 2020)

 

Nature du problème

Entente de résiliation

Vice de consentement

Dol

Résumé de la demande

Chacun des locataires demande au Tribunal :

  • d’annuler l’entente de résiliation de bail qu’il a conclu avec la locatriced’annuler l’entente de résiliation de bail qu’il a conclu avec la locatrice

La locatrice demande au Tribunal :

  • d’entériner cette entente et d’ordonner l’expulsion d’un locataire
Résultat

Le Tribunal annule les ententes de résiliation de bail.

Motifs

Les locataires sont en droit d'obtenir l'annulation de l'entente de résiliation de bail qu'ils ont signée, car les représentants de la locatrice ont fait preuve de dol envers eux en affirmant qu'ils devaient soit contribuer au paiement des travaux de rénovation requis à l'immeuble, soit quitter leur logement.

Jugement complet

Lafond c. Immeubles Forsa inc. (4 décembre 2020)

 

Nature du problème

Fixation du loyer

Loyer de faveur

Immeuble transmis par succession

Gestion inadéquate

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la fixation du loyer

(loyer mensuel de 500 $, incluant le chauffage)

Résultat

Le loyer mensuel est fixé à 700 $.

Motifs

La nouvelle locatrice a réussi à démontrer l'une des situations donnant ouverture à l'existence d'un loyer de faveur, soit la gestion inadéquate de la personne décédée ayant transmis l'immeuble par succession.

L'absence totale d'augmentation de loyer durant 11 ans, et ce, malgré des investissements dans l'immeuble en cause, suffit à établir la gestion déficiente.

Jugement complet

Succession de Gionet c. Prak (21 janvier 2021)

 

Nature du problème

Entente

Colocataires

Reconduction du bail

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • la résiliation du bail
  • le recouvrement du loyer dû

(loyer mensuel de 1 110 $/la quote-part de chacun des 3 locataires est de 370 $ par mois)

Résultat

Le Tribunal constate la résiliation du bail et accorde au locateur :

  • 740 $ équivalant à la quote-part du loyer de la locataire demeurant dans le logement pour les mois de mai et de juin 2020
  • 3 330 $ équivalant à l’entièreté du loyer pour les mois de juillet à septembre 2020
Motifs

Le bail ne prévoit pas que les 3 locataires sont solidairement responsables envers le locateur.

Même si 2 locataires ont quitté le logement le 30 juin 2020, l'entente qu'ils ont conclue avec le locateur ayant mis fin au bail n'est pas opposable à la troisième locataire puisque celle-ci n'a jamais renoncé à son droit au maintien dans les lieux.

Cette locataire a accepté de reconduire le bail, malgré le départ de ses colocataires, devenant ainsi la seule responsable du paiement du loyer.

Jugement complet

Costandi c. El Mekki* (21 janvier 2021)

Règlement hors cour (C.Q., 2021-04-27) 500-80-041220-212.

 

Nature du problème

Reprise de logement

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • l’autorisation de reprendre le logement du locataire afin d’y loger sa mère
Résultat

Le Tribunal rejette la demande du locateur.

Motifs

Une date de reprise de possession du logement avant la fin du bail n'est pas permise et rend invalide l'avis donné à cet effet.

Dans cette affaire, l’avis du locateur, qui prévoit une reprise environ 1 an et demi avant la fin du bail, est invalide.

De plus, le locateur n’a pas démontré qu’il entend réellement reprendre le logement pour y loger sa mère. Ses intentions soulèvent des doutes.

Jugement complet

Ashford-Parent c. Perreault (5 février 2021)

 

Nature du problème

Non-respect d’une ordonnance de payer le loyer le premier jour de chaque mois

Jour férié

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la résiliation du bail
Résultat

Le Tribunal résilie le bail.

Motifs

La Régie du logement a ordonné aux locataires de payer le loyer le premier jour de chaque mois. Ces derniers ont payé leur loyer du mois de janvier 2020 le 3 janvier.

Les locataires ne bénéficiaient pas d'un délai supplémentaire pour remplir leurs obligations pour la seule raison que le terme tombait un jour férié.

Les locataires n’étaient pas dans l’impossibilité d’agir et ils ont été négligents en ne s’assurant pas qu’il soit possible d’effectuer le paiement le 1er du mois (accès WiFi). Par conséquent, ils n’ont pas de motifs valables justifiant de ne pas respecter l’ordonnance rendue par le Tribunal.

Jugement complet

Dion c. Atanasova (10 février 2021)

 

Nature du problème

Reprise de logement

Résumé de la demande

Le locataire :

  • conteste la recevabilité de la demande d’autorisation du locateur de reprendre son logement pour y loger sa fille
Résultat

Le Tribunal rejette la demande du locateur.

Motifs

Comme le locateur n’est pas le propriétaire de l’immeuble, il ne peut présenter une demande visant la reprise de possession d’un logement.

Le locataire n’ayant pas répondu à l’avis de reprise, il est réputé avoir refusé de quitter son logement. Dans un tel cas, le locateur doit présenter sa demande au cours du mois ayant suivi le refus.

Si le locateur est négligent, il ne peut être relevé des conséquences de son omission de respecter ce délai.

Jugement complet

Magdoul c. Ayoubi (11 février 2021)

 

Nature du problème

Reprise de logement

Ex-conjointe

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • l’autorisation de reprendre le logement de la locataire afin d’y loger son ex-conjointe
Résultat

Le Tribunal accueille la demande du locateur et accorde :

  • une indemnité de 4 600 $ à la locataire pour ses frais de déménagement et les améliorations qu’elle a apportées au logement
Motifs

La notion d’« allié » comprend les personnes mariées. Il est donc possible, pour le locateur, de reprendre un logement pour y loger son ex-conjointe avec laquelle il est toujours marié, dans la mesure où il est son principal soutien.

Le locateur a démontré qu’il assure un important soutien financier auprès de son ex-conjointe, en plus de la soutenir sur le plan moral et familial.

Il a aussi prouvé qu’il avait réellement l’intention de reprendre le logement afin d’y loger son ex-conjointe et qu’il ne s’agissait pas d’un prétexte pour atteindre d’autres fins.

Jugement complet

Lamothe c. Boucher (22 mars 2021)

 

Nature du problème

Handicap du locataire

Résumé de la demande

La locataire demande :

  • au Tribunal de déclarer valide son avis de résiliation de bail en vertu de l’article 1974 du Code civil du Québec
Résultat

Le Tribunal conclut que :

  • l’avis de résiliation de bail envoyé par la locataire n’est pas valide
Motifs

Un locataire peut résilier son bail avant son terme s’il ne peut plus occuper son logement en raison d’un handicap. Il doit toutefois donner un avis préalable de 2 mois et l’accompagner d’une attestation médicale.

La notion de « handicap » fait référence à une déficience qui est persistante, qui impose des limites dans l’accomplissement d’activités normales et restreint sérieusement la personne dans ses déplacements dans le logement et pour y accéder.

La locataire a des problèmes de santé, mais il ne s’agit pas d’un handicap. Le médecin qui a signé son billet médical a été clair quant au fait que la locataire ne souffrait d’aucune limitation physique.

Jugement complet

Morissette c. Gravel (7 avril 2021)

 

Nature du problème

Reprise de logement

Belle-fille

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • l’autorisation de reprendre le logement de la locataire afin d’y loger la fille de son conjoint
Résultat

Le Tribunal rejette la demande de la locatrice.

Motifs

Le locateur d’un logement, s’il en est le propriétaire, peut le reprendre pour y loger ses ascendants ou descendants au premier degré, ou tout autre parent ou allié dont il est le principal soutien.

La belle-fille de la locatrice n’est pas un « parent ». Ce terme désigne un lien de parenté.

Même si la locatrice et son conjoint étaient mariés et que sa belle-fille était alors une alliée, le recours aurait été rejeté puisque la preuve n’a pas été faite que la locatrice est le principal soutien de cette dernière.

Jugement complet

M.L. c. Lafortune (9 avril 2021)

 

Nature du problème

Éviction

Absence d’autorisation du Tribunal

Résumé de la demande

Le locataire demande :

  • l’exécution en nature des obligations de la locatrice
  • 7 500 $ en dommages moraux
  • 7 500 $ en dommages punitifs
  • 4 526 $ en dommages-intérêts
  • 1 450 $ en remboursement du loyer

La locatrice demande :

  • la résiliation du bail
  • 1 450 $ en recouvrement de loyer

(loyer mensuel de 1 450 $)

Résultat

Le Tribunal constate la résiliation du bail aux torts de la locatrice et accorde au locataire :

  • 1 698 $ en remboursement de frais d’hôtel
  • 3 500 $ en dommages moraux
  • 5 000 $ en dommages punitifs
Motifs

Un locateur ne peut changer les codes d’accès au logement et en évincer le locataire sans avoir obtenu une décision du Tribunal à cet effet.

Le jour où la locatrice a procédé à l'éviction du locataire, elle n'était pas encore en droit de déposer devant le Tribunal une demande visant la résiliation du bail pour cause de non-paiement du loyer.

Le locataire a subi un important traumatisme en raison de son éviction. Il a été humilié, il a dû dormir sur son lieu de travail, il a dû louer des chambres d’hôtel pour procéder à son hygiène personnelle et exercer ses droits d'accès à ses filles, et il n’a pas eu accès à ses biens. Un délai de 2 mois aurait été raisonnable afin qu’il se trouve un nouveau logement, d’où le remboursement de frais d’hôtel et les dommages moraux.

La violation de sa vie privée et de sa demeure, la privation quant à la jouissance paisible de ses biens et l’atteinte à sa dignité justifient une condamnation de la locatrice au paiement de dommages punitifs.

Jugement complet

Skalli Housseini c. 10376957 Canada inc. (20 avril 2021)

 

Nature du problème

Fixation du loyer

Dépenses du locateur

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la révision d’une fixation du loyer
Résultat

Le Tribunal rejette la demande de la locatrice.

Motifs

La locatrice a procédé à un projet de mise à niveau de son immeuble, lequel s’est déroulé durant plusieurs années. Elle voudrait maintenant regrouper les dépenses d'immobilisation engagées pour des travaux de réfection des cuisines et des salles de bains et les faire payer par l'ensemble des locataires plusieurs années après leur réalisation. Une telle accumulation des dépenses n’est pas permise.

La dépense d’immobilisation doit être supportée par le locataire qui en bénéficie.

Jugement complet

Construction Sylvania inc. c. El Alouchi (30 avril 2021)

 

Nature du problème

Paiement du loyer

Remise accordée à un colocataire

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • 2 570 $ en recouvrement de loyer

(loyer mensuel de 1 020 $)

Résultat

Le Tribunal accorde à la locatrice :

  • 632 $
Motifs

Le bail prévoit expressément que les locataires s'engagent solidairement envers la locatrice.

Lorsque les locataires ont cessé de former un couple, le locataire a informé la locatrice de son désir de quitter le logement. Il a alors signé une entente prévoyant qu’il serait libéré de ses obligations. Cette entente était une offre qui devait être acceptée par les 2 locataires pour que l’un d’eux soit libéré de ses obligations.

En acceptant de libérer le locataire du bail d’habitation, malgré le refus de la locataire de signer l’entente, la locatrice a annulé l’obligation de solidarité visant cette dernière. En conséquence, la locataire doit payer uniquement sa part du loyer.

Jugement complet

9332 8557 Québec inc. c. Whalen (21 mai 2021)

 

Nature du problème

Personne âgée

Résidence privée pour aînés

Avis de résiliation

Résumé de la demande

La locataire demande :

  • au Tribunal de déclarer valide son avis de résiliation du bail
  • le remboursement d’une somme de 1 385 $, soit 1 mois de loyer payé en trop

La locatrice demande :

  • le recouvrement du loyer
  • des dommages-intérêts
Résultat

Le Tribunal constate la résiliation du bail.

Motifs

Une personne âgée peut quitter une résidence privée pour aînés afin d'emménager dans une « autre résidence similaire », et ce, même si elle n'y obtient pas de soins ou de services supplémentaires.

Après l’arrivée de la pandémie liée à la COVID-19, la fille de la locataire a retiré celle-ci de la résidence privée où elle se trouvait pour l’installer chez elle. Elle a éventuellement décidé de ne pas lui faire réintégrer son logement et a transmis un avis de résiliation à la locatrice.

L’avis est invalide puisque le domicile de la fille de la locataire ne se qualifie pas à titre de lieu d’hébergement. La résiliation anticipée n’est pas possible lorsqu’un membre de la famille offre une surveillance, des soins et des services équivalant à ceux qui étaient offerts dans la résidence privée pour aînés où habitait le locataire.

Jugement complet

Résidence Le Citadin c. Savino (21 mai 2021)

 

Nature du problème

Subdivision de logement

Éviction

Opposition

Résumé de la demande

Le locataire présente :

  • une opposition à une demande d’éviction pour subdivision du logement

(loyer mensuel de 655 $)

Résultat

L’opposition du locataire est rejetée.

Le Tribunal accorde au locataire :

  • une indemnité de 1 965 $, équivalant à 3 mois de loyer
  • 3 018 $ pour les frais reliés à son déménagement
  • 194 $ pour le transfert de différents services
Motifs

La locatrice veut transformer le logement de 3 chambres du locataire en 2 logements de 1 chambre afin d’y loger ses beaux-parents et sa mère.

L'obtention d'un permis délivré par les autorités municipales n'est pas une condition préalable à l'envoi d'un avis d'éviction pour la subdivision du logement.

Dans cette affaire, les démarches de la locatrice, qui est en attente d’un permis, démontrent sa volonté de réaliser son projet familial. Elle a établi la légalité et la faisabilité de celui-ci.

Jugement complet

Larue c. Moknine (2 juillet 2021)

 

Nature du problème

Résidence pour personnes âgées

Logement à loyer modique

Paiement du loyer

Services offerts

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • 950 $ en recouvrement de loyer
  • la résiliation du bail
Résultat

Le Tribunal :

  • accueille la demande en recouvrement de loyer de la locatrice
  • résilie le bail, à moins que le locataire paie le loyer impayé, les intérêts et les frais avant le jugement
Motifs

La locatrice est un organisme sans but lucratif qui offre des logements abordables aux personnes âgées de 65 ans et plus. Étant liée par une convention avec la Société d'habitation du Québec, la locatrice ne peut dispenser le locataire du paiement des services prévus au bail.

En signant son bail, le locataire s'est engagé à payer un loyer mensuel à la locatrice, dont le coût comprenait non seulement la location du logement, mais aussi des frais de service pour les repas. Il ne pouvait décider, en cours de bail, de se désinscrire du service de repas et de ne plus payer cette partie de son loyer.

Le locataire est en retard de plus de 3 semaines dans le paiement du loyer, ce qui justifie la résiliation du bail.

Jugement complet

Cité des bâtisseurs de Pointe-Saint-Charles c. Manseau (21 octobre 2021)

 

Nature du problème

Renouvellement du bail

Avis de modification du bail

Notification

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la résiliation du bail
  • 680 $ en recouvrement de loyer, soit le montant des augmentations de loyer survenues entre juillet 2018 et octobre 2021

(loyer mensuel de 615 $)

Résultat

Le Tribunal :

  • rejette la demande en recouvrement de loyer
  • sursoit à la résiliation du bail en raison des retards fréquents dans le paiement du loyer
  • ordonne au locataire de payer son loyer le premier jour de chaque mois
Motifs

Depuis 2018, la locatrice a expédié chaque année un avis de renouvellement du bail par poste recommandée au locataire. Chaque fois, ce courrier lui était renvoyé avec la mention « non récupéré par le destinataire ».

L’omission de recevoir l’avis de modification du bail ou d’aller le chercher au bureau de poste n’invalide pas nécessairement cet avis. Il existe toutefois des situations où il est important de prouver la réception de l'avis.

La locatrice a été informée que le locataire n'avait pas récupéré les avis de renouvellement du bail qu'elle avait expédiés par poste recommandée. Cependant, elle n'a pas pris les moyens nécessaires afin de lui remettre l'avis visant l'augmentation du loyer. En conséquence, les avis d'augmentation du loyer n'ont pas été valablement remis au locataire et le bail a été reconduit depuis le 1er juillet 2018 au même loyer mensuel de 615 $.

Jugement complet

Brault c. Hasni (28 octobre 2021)

 

Nature du problème

Obligations du locataire

Obligation de prudence et de diligence

Modification du système électrique par le locataire

Résumé de la demande

Les locateurs demandent la résiliation du bail.

Résultat

Le Tribunal ordonne au locataire de cesser toute manipulation du système électrique, sans quoi le bail sera résilié.

Motifs

Les installations électriques effectuées par le locataire, sans l'autorisation des locateurs, constituent un manquement grave et sérieux à ses obligations, dont celle d'user de son logement avec prudence et diligence. Il s’agit d’une forme de négligence grossière qui aurait pu avoir des conséquences graves.

Le comportement du locataire a causé aux locateurs un préjudice sérieux qui justifie la résiliation du bail. Toutefois, il y a lieu de surseoir à la résiliation du bail afin de rendre une ordonnance interdisant au locataire, en vertu de l’article 1973 du Code civil du Québec, de manipuler le système électrique sans avoir au préalable obtenu le consentement des locateurs.

Jugement complet

Preti c. Alimonos (3 novembre 2021)

 

Nature du problème

Changement de destination des lieux loués

Usage commercial

Mauvaise foi

Résumé de la demande

Les locateurs demandent la résiliation du bail.

Résultat

Le Tribunal :

  • résilie le bail
Motifs

Le locataire a changé la vocation du logement en utilisant celui-ci comme un entrepôt.

Les locateurs ont démontré qu’ils subissent un préjudice sérieux en raison de l’absence d’occupation des lieux par le locataire et du changement de destination du logement, leur assureur refusant de les couvrir dans de telles circonstances.

Puisque le locataire, qui occupe rarement le logement, n’est pas en mesure d’aviser rapidement les locateurs de toute situation pouvant survenir dans le logement, l’intégrité de l’immeuble et la sécurité de ses occupants sont en péril.

Le locataire est de mauvaise foi puisqu’il persiste, en date de l'audience, à contrevenir aux obligations découlant du bail.

Jugement complet

Gagné c. Sanchez (17 novembre 2021)

 

Nature du problème

Fixation du loyer

Modification du bail

Loyer de faveur

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la modification du bail (retrait d’un espace de stationnement, mode de paiement et durée)
  • la fixation du loyer mensuel à 1 150 $ par mois en application des règles particulières relatives au loyer de faveur

(loyer mensuel de 700 $)

Résultat

Le Tribunal :

  • détermine que le loyer n’est pas un loyer de faveur
  • fixe le loyer mensuel à 698 $
Motifs

Le loyer d'un logement est considéré comme un loyer de faveur lorsqu'il remplit les critères prévus à l'article 1 du Règlement sur les critères de fixation de loyer, c'est-à-dire s'il est inférieur au loyer habituellement payé pour des logements comparables dans les situations où :

  1. le locataire est un parent, un allié ou un employé du locateur;
  2. le locateur est ou était le soutien du locataire;
  3. le logement est situé dans un immeuble transmis par succession et le loyer découle de la gestion inadéquate de la personne décédée; ou
  4. le locateur est un ministère ou un organisme du gouvernement du Québec.

La locatrice n’a pas démontré la présence de l’une de ces situations.

La locataire ne peut être considérée comme un parent de la locatrice précédente aux termes du bail antérieur, car cette dernière est une personne morale agissant comme liquidatrice d’une succession.

Par ailleurs, la locatrice ne peut invoquer la gestion inadéquate de la personne décédée plus d’un an après l’ouverture de la succession. Le loyer de faveur doit être invoqué dès la première occasion, c’est-à-dire dès l’ouverture de la succession.

Quant à la modification du bail visant à retirer un espace de stationnement, celle-ci est tardive puisqu’elle n’a pas été inscrite dans l’avis de modification transmis à la locataire.

Jugement complet

Girard c. Dion (29 novembre 2021)

 

Nature du problème

Entente de résiliation

Vice de consentement

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • l’expulsion de la locataire

La locataire demande :

  • l’annulation de l’entente de résiliation du bail qu’elle a conclue avec le mandataire de la locatrice
  • 10 000 $ en dommages punitifs
Résultat

Le Tribunal annule l’entente de résiliation du bail.

Motifs

Le consentement de la locataire a été vicié. Le mandataire de la locatrice a profité de sa vulnérabilité pour l'inciter à renoncer au bail.

Le mandataire de la locatrice n’a pas fourni à la locataire l’information nécessaire pour qu’elle puisse prendre une décision éclairée. Il ne lui a pas fait part des options qui n’entraînaient pas la perte de son logement et il ne lui a pas accordé un temps de réflexion suffisant. Il lui a également imposé une clause de confidentialité qui lui interdisait de communiquer le contenu de l’entente de résiliation.

Jugement complet

9336-2390 Québec inc. c. Gorman (17 décembre 2021)

 

Nature du problème

Éviction

Opposition

Agrandissement substantiel

Reprise de logement

Résumé de la demande

Le locataire s’oppose à l’avis d’éviction transmis par les locateurs pour l’agrandissement substantiel de leur logement.

Résultat

L’opposition de la locataire à l’avis d’éviction est accueillie.

L’avis d’éviction pour agrandissement est déclaré invalide aux fins d’une reprise du logement.

Motifs

L’intention des locateurs est de reprendre le logement et de le réunir avec l’unité voisine afin d’en faire un seul logement et d'y loger l'un des copropriétaires à la suite de la séparation de ceux-ci.

Lorsqu'un logement devient une partie intégrante du lieu de résidence du locateur par sa transformation, il s'agit en fait d'une reprise de logement et non d'un agrandissement ou d'un changement d'affectation.

Les recours en éviction et en reprise de logement comportent des règles et des modalités différentes. Ainsi, l’avis d’éviction pour agrandissement substantiel transmis par les locateurs ne répond pas aux exigences requises dans le cas d’une reprise de logement.

Jugement complet

Mc Laughlin c. Giroux (2 mars 2022)

 

Nature du problème

Avis d’abandon de logement

Incendie

Vente de l’immeuble

Droit au maintien dans les lieux

Résumé de la demande

La locataire demande :

  • 2 415 $ (indemnité de 3 mois de loyer)
  • 3 000 $ en dommages moraux
  • 10 000 $ en dommages punitifs

(loyer mensuel de 805 $)

Résultat

Le Tribunal accorde à la locataire :

  • 2 000 $ en dommages punitifs
  • 1 500 $ en dommages moraux
Motifs

La locataire a transmis à l’ancien locateur un avis d'abandon du logement à la suite d’un incendie. Celui-ci a par la suite vendu l’immeuble à la nouvelle locatrice, mais sans l’informer de l’existence du bail de la locataire.

La locatrice n’a pas donné suite aux demandes de la locataire lorsqu’elle a été informée de l’existence du bail. Elle aurait au moins dû valider cette information avant de relouer le logement à quelqu’un d’autre. Elle a commis une faute à l’égard de la locataire en niant son droit au maintien dans les lieux. Il s’agit d’une atteinte illicite et intentionnelle à un droit fondamental protégé par la Charte des droits et libertés de la personne, ce qui justifie d'accorder des dommages punitifs.

Quant à l’indemnité de 3 mois de loyer réclamée, le Tribunal considère que l’article 1965 du Code civil du Québec (C.c.Q.) ne trouve pas application, car celui-ci est lié à l’article 1959 C.c.Q., lequel traite des cas d’éviction prévus à la loi. En l’espèce, il s’agit plutôt d’un cas d’éviction illégale.La locatrice n’a pas donné suite aux demandes de la locataire lorsqu’elle a été informée de l’existence du bail. Elle aurait au moins dû valider cette information avant de relouer le logement à quelqu’un d’autre. Elle a commis une faute à l’égard de la locataire en niant son droit au maintien dans les lieux. Il s’agit d’une atteinte illicite et intentionnelle à un droit fondamental protégé par la Charte des droits et libertés de la personne, ce qui justifie d'accorder des dommages punitifs.

Jugement complet

Forget c. Gestion immobilière Mix Cité inc. (7 mars 2022)

 

Nature du problème

Paiement du loyer

Rabais sur le loyer (clause promotionnelle)

Clause pénale

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • la résiliation du bail
  • 2 890 $ en recouvrement de loyer

(loyer mensuel de 575 $)

Résultat

Le Tribunal :

  • rejette les demandes du locateur
  • constate que le bail a été renouvelé aux mêmes conditions
Motifs

Le bail prévoit un loyer mensuel de 745 $, duquel est déduite une remise de 170 $, conditionnelle au respect par la locataire des obligations prévues au bail, y compris le paiement du loyer.

Le locateur considère que la locataire n’a plus le droit à la remise et qu’elle doit payer le plein montant du loyer parce qu’elle a refusé l’augmentation de loyer.

La clause de remise équivaut à une clause pénale. Elle permet au locateur de contourner la loi et de se faire justice lui-même en cas de manquement à une obligation de la locataire. Elle lui permet aussi d'augmenter considérablement le loyer sans suivre la procédure prévue aux articles 1941 et suivants du Code civil du Québec.

Le véritable loyer est de 575 $ par mois. En effet, une gratuité qui se répète cesse d'être une clause promotionnelle et fait partie du loyer de base. Comme l’avis d’augmentation de loyer transmis par le locateur n’était pas conforme, le bail est reconduit aux mêmes conditions.

Jugement complet

Lazzara c. Ducharme (16 mars 2022)

 

Nature du problème

Reprise de logement

Entente de résiliation du bail

Mauvaise foi

Éviction

Résumé de la demande

La locataire réclame :

  • 2 338 $ en dommages matériels
  • 2 500 $ en dommages moraux
  • 9 600 $ en dommages punitifs
Résultat

Le Tribunal accorde à la locataire la totalité des indemnités réclamées, soit 14 438 $.

Motifs

L'existence d'une entente entre les parties lors du départ de la locataire ne l'empêche pas d'obtenir des dommages-intérêts en raison d'une reprise de logement obtenue de mauvaise foi.

Les locateurs n'avaient pas l'intention de reprendre le logement afin d’y loger un membre de leur famille, comme le démontre la preuve provenant de leur compte Instagram. Ils ont fait preuve de négligence et d’insouciance à l'égard des droits de la locataire, ce qui peut être assimilé à de la mauvaise foi.

Jugement complet

André-Bélisle c. Audet (17 mars 2022)

 

Nature du problème

Fixation du loyer

Dépenses d’immobilisation

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la fixation du loyer (augmentation de 150 $ par mois)

Les locataires demandent :

  • une réduction de loyer

(loyer mensuel de 1 700 $)

Résultat

Le loyer mensuel est fixé à 1 726 $.

Motifs

Une dépense d’immobilisation ne peut être prise en considération qu’une seule fois conformément à l’article 13 du Règlement sur les critères de fixation de loyer.

Les travaux de rénovation étaient mentionnés aux baux et connus des locataires au moment de la fixation initiale du loyer. Ceux-ci ne devraient pas être tenus responsables des imprévus ou des travaux non anticipés.

Il n’y a pas lieu de réduire le loyer en raison du retard de livraison du stationnement. L’article 8 du règlement nécessite que la perte de l'accessoire au bail ait une certaine forme de permanence pour réduire le loyer en conséquence.

Jugement complet

9392-2680 Québec inc. c. Charpentier-Hébert* (18 mars 2022)

* Demande pour être relevé de l’omission de produire la demande en révision dans les délais et en révision rejetée (T.A.L., 2022-07-28)

 

Nature du problème

Nullité du bail

Créancier hypothécaire

Loyer dérisoire

Résumé de la demande

Le créancier hypothécaire de la locatrice demande au Tribunal de déclarer que le bail est nul et qu’il ne lui est pas opposable.

Résultat

Le Tribunal :

  • annule le bail
  • déclare le bail inopposable au créancier hypothécaire de la locatrice
  • ordonne l’expulsion du locataire
Motifs

La locatrice et le locataire ont conclu un bail pour une période de 10 ans à un loyer de 500 $ par mois, comprenant les frais d'énergie, de déneigement, d'entretien de la pelouse ainsi que les assurances.

L’acte d’hypothèque consenti à la locatrice interdisait la location de l'immeuble. En outre, le bail a été conclu alors que la locatrice était dans une situation difficile sur le plan financier, ce que le locataire savait.

En signant ce bail, la locatrice et le locataire ont diminué considérablement la valeur de l’immeuble hypothéqué au détriment du créancier hypothécaire, ce qui contrevient à l'article 2734 du Code civil du Québec.

Jugement complet

Caisse Desjardins des Chutes Montmorency c. Sylvain* (9 mars 2022)

* Rectifié le 28 mars 2022

 

Nature du problème

Reprise de logement

Personne morale

Résumé de la demande

Le demandeur, qui est le principal dirigeant de la locatrice, demande la reprise de possession des lieux loués.

Résultat

La demande de reprise de possession est rejetée.

Motifs

Le demandeur ne détient pas les qualités requises pour exercer le droit à la reprise du logement puisque c’est la personne morale dont il est le principal dirigeant qui est propriétaire et locatrice de l’immeuble.

Seules les personnes physiques peuvent demander l'autorisation de reprendre un logement pour s'y loger ou pour y loger les personnes mentionnées à l'article 1957 du Code civil du Québec, soit des ascendants ou descendants au premier degré ou tout parent auprès duquel un locateur agit à titre de principal soutien.

Jugement complet

Corey c. Mercier (4 avril 2022)

 

Nature du problème

Changement de destination des lieux loués

Utilisation du logement à des fins autres que résidentielles

Résumé de la demande

Le locateur demande la résiliation du bail.

Résultat

Le bail est résilié.

Motifs

Le locataire a changé unilatéralement la destination du logement en utilisant plus du tiers de la superficie à des fins non résidentielles, soit l’exploitation d’un centre d’intégration pour personnes ayant des troubles du spectre de l’autisme.

Le locataire n’a pas respecté ses obligations découlant du bail, lequel devait servir à des fins résidentielles et permettait qu’au plus un tiers des lieux soit utilisé à titre de halte-répit.

L’augmentation importante de la couverture d’assurance en raison des activités exercées par le locataire dans le logement cause au locateur un préjudice sérieux qui justifie la résiliation du bail.

Jugement complet

Xie c. Bosso (6 avril 2022)

 

Nature du problème

Entente de résiliation

Transaction

Prescription extinctive

COVID-19 – suspension des délais

Résumé de la demande

La locataire demande au Tribunal :

  • de reconnaître l’existence d’une transaction entre les parties
  • de condamner la locatrice à payer 10 000 $ aux termes de l’entente de résiliation de bail
Résultat

Le Tribunal :

  • détermine que le recours de la locataire n’est pas prescrit
  • accueille la demande de la locataire
Motifs

Le 5 juin 2018, le représentant de la locatrice a offert à la locataire la somme de 10 000 $, à la condition qu'elle quitte son logement le 1er juillet suivant. L'offre a été acceptée le même jour. Le 11 juin, le représentant a informé la locataire de son absence d'intérêt et de celui de ses partenaires à conclure une entente. La locataire a déposé sa réclamation au Tribunal plus de 3 ans après cette date, soit le 5 octobre 2021.

Le recours n’est pas prescrit puisque les délais de prescription ont été suspendus pour la période du 15 mars au 31 août 2020 par différents décrets adoptés par les autorités gouvernementales à la suite de la déclaration de l’état d’urgence sanitaire en lien avec la pandémie de la COVID-19.

Le représentant de la locatrice a laissé croire à la locataire qu'il avait l'autorité nécessaire pour conclure une entente avec elle. Il ne l’a pas informée que cette entente était assujettie à certaines conditions, dont celle d’être approuvée par ses partenaires d'affaires. La locataire a valablement démontré qu'une entente était intervenue et que celle-ci n’avait pas été honorée par la locatrice.

Jugement complet

Dubois c. 9369-2549 Québec inc. (14 avril 2022)

 

Nature du problème

Non-respect d’une ordonnance de payer le loyer le premier jour de chaque mois

Locataire atteinte de la COVID-19

Consignes sanitaires

Pouvoir discrétionnaire

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la résiliation du bail
Résultat

Le Tribunal :

  • rejette la demande de la locatrice
Motifs

La locataire, qui avait contracté la COVID-19, devait respecter les directives des autorités de santé publique et s'isoler durant une dizaine de jours, ce qui l'empêchait de payer son loyer en argent.

Le Tribunal peut exercer son pouvoir discrétionnaire afin d'accueillir ou de rejeter une demande en résiliation de bail pour non-respect d'une ordonnance rendue en vertu de l'article 1973 alinéa 2 du Code civil du Québec (C.c.Q.), à la condition qu'une preuve d'un motif suffisant soit présentée afin de justifier cette omission.

La locataire n’a pas omis de respecter l'ordonnance de payer son loyer le premier jour de chaque mois en vertu de l'article 1973 C.c.Q. Elle était plutôt dans l’impossibilité de le faire en raison de circonstances exceptionnelles.

Jugement complet

Office municipal d'habitation du Bassin de Chambly c. Tétreault (28 avril 2022)

 

Nature du problème

Résiliation du bail

Ordonnance en vertu de l’article 1973 du Code civil du Québec

Encombrement et accumulation compulsive

Résumé de la demande

La locatrice demande la résiliation du bail.

Résultat

Le Tribunal rejette la demande de la locatrice.

Motifs

La locatrice demande la résiliation du bail en raison du non-respect par la locataire d’une ordonnance rendue en vertu de l’article 1973 C.c.Q., laquelle obligeait la locataire à nettoyer et à désencombrer son logement, à le maintenir dans un bon état, à préparer les lieux en vue d’une extermination et à collaborer au processus d'extermination.

La seule preuve du non-respect par un locataire d'une ordonnance rendue en vertu de l'article 1973 C.c.Q. entraîne une résiliation du bail. Cependant, les violations de l'ordonnance doivent avoir eu lieu au moment du dépôt de la demande en résiliation.

La locatrice n'a pas démontré l'existence d'une violation de l'ordonnance au moment où elle a déposé sa demande de résiliation. En effet, l'ordonnance exigeait que la locataire effectue des actions en vue de nettoyer et de désencombrer son logement, et non qu'un résultat soit atteint le lendemain de son entrée en vigueur.

Jugement complet

7973985 Canada inc. (SC Capital) c. Ayotte (5 mai 2022)

 

Nature du problème

Expulsion

Avis de non-reconduction

Sous-location pendant plus de 12 mois

Résumé de la demande

La locataire porte en appel :

  • une décision du Tribunal administratif du logement ayant ordonné son expulsion du logement
Résultat

L’appel de la locataire est rejeté.

Motifs

La locataire est réputée avoir accepté la fin du bail, aux termes de l'article 1948 du Code civil du Québec (C.c.Q.), puisqu’elle n’a pas contesté dans le délai requis l’avis de non-reconduction pour cause de sous-location depuis plus de 12 mois.

Le Tribunal saisi d'une demande en expulsion d’un locataire qui continue d’occuper les lieux après la fin du bail (art. 1889 C.c.Q.) doit déterminer :

  1. s'il y a eu signification d'un avis de non-reconduction dans un délai de 3 à 6 mois avant la fin du bail
  2. s'il y a eu une absence de contestation du bien-fondé de l'avis de reconduction transmis au Tribunal à l'intérieur d'un délai de 1 mois
  3. s'il y avait toujours une occupation par le locataire du logement lors de la présentation de la demande d'expulsion

Si ces conditions sont réunies, le locataire est réputé de façon absolue avoir accepté la fin de son bail, de sorte que le locateur n’a pas à faire la preuve de la sous-location.

Jugement complet

Arthur Amro Holdings Inc. c. Westmount Square Residential* (28 avril 2022)

* Rectifié le 9 mai 2022

 

Nature du problème

Reprise de logement

Mauvaise foi

Vente de l’immeuble

Résumé de la demande

Le locataire demande :

  • 6 000 $ en dommages matériels
  • 4 000 $ en dommages moraux
  • 42 250 $ en dommages punitifs

(loyer mensuel de 3 000 $)

Résultat

Le Tribunal accorde au locataire :

  • 3 000 $ en dommages matériels
  • 30 000 $ en dommages punitifs
Motifs

Le locataire a été victime d'une reprise de logement exercée de mauvaise foi.

D’une part, les locateurs n'ont jamais informé leur fille qu'ils comptaient reprendre possession du cottage pour le mettre à sa disposition, et il est clair que celle-ci n'a jamais eu l'intention d'y habiter. D’autre part, ils ont mis l’immeuble en vente peu de temps après le départ du locataire et l’ont aussi offert en location, sans l’autorisation du Tribunal, à un prix plus élevé (3 950 $ par mois).

Le locataire a droit à 3 000 $ à titre de différence de loyer, soit la moitié de la somme demandée, étant donné que son nouveau logement était en meilleure condition que le précédent.

Vu l'importance du phénomène, la condamnation à verser 30 000 $ en dommages punitifs permet d'exprimer l'indignation de la société à l'égard de la conduite des locateurs, en plus de faire comprendre à quiconque serait tenté d'agir comme eux qu'une telle conduite est blâmable.

Jugement complet

Moroz c. Brown-Johnson (11 mai 2022)

 

Nature du problème

Reprise de logement

Copropriété indivise

Nombre de copropriétaires

Contre-lettre

Résumé de la demande

La locataire demande le rejet de la demande d’autorisation de reprise de logement des locateurs.

Résultat

La demande des locateurs est rejetée.

Motifs

Les locateurs ne remplissent pas les conditions énoncées à l'article 1958 du Code civil du Québec (C.c.Q.) pour reprendre le logement puisque l’immeuble a plus de 2 copropriétaires.

Les conditions nécessaires à l’exercice du droit de reprise doivent être réunies au moment de l’envoi de l’avis, lequel doit être reçu au moins 6 mois avant la fin d’un bail de 12 mois. Le fait qu’il y avait 4 copropriétaires au moment de transmettre l'avis de reprise à la locataire empêche la reprise du logement.

Même si une contre-lettre indique que seuls la locatrice et son conjoint sont les véritables copropriétaires de l'immeuble, la locataire peut invoquer le contrat apparent en vertu de l'article 1452 C.c.Q., à savoir l'acte de vente notarié stipulant que 4 personnes sont copropriétaires indivises de l'immeuble.

Jugement complet

Goulmane c. Giguère-Vocelle (11 mai 2022)

 

Nature du problème

Fixation du loyer

Avis de modification prématuré

Compétence du greffier spécial

Résumé de la demande

Les locateurs demandent la révision d’une décision du greffier spécial du Tribunal ayant rejeté leur demande en fixation de loyer.

Résultat

La demande des locateurs est rejetée.

Motifs

L’avis de modification des conditions du bail doit être donné dans les délais prévus à l’article 1942 du Code civil du Québec (C.c.Q.).

Un avis de modification hors délai a les mêmes conséquences, qu’il soit donné prématurément ou tardivement.

La question du préjudice subi par un locataire du fait d’une notification d’un avis de modification donné hors délai doit se poser seulement si le locateur a démontré un motif raisonnable pour être relevé de son manquement.

Le greffier spécial n’a pas commis d’erreur en invoquant d’office l’irrégularité de l’avis de modification des conditions du bail.

Jugement complet

Paul c. Salmoune (20 mai 2022)

 

Nature du problème

Entente de résiliation

Vice de consentement

Dol

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • 3 420 $ en dommages-intérêts
Résultat

La demande du locateur est rejetée.

Motifs

Le locateur a profité du manque d’expérience des locataires et de leur situation précaire pour leur présenter des options de cession et de sous-location comportant des difficultés de réalisation si importantes que leur option la plus simple demeurait le paiement d'une pénalité de 2 800 $ pour mettre fin au bail.

Le fait de présenter ces choix sous pression et comme étant les seuls possibles constitue un dol qui a vicié le consentement des locataires et les a amenés à contracter à leur désavantage.

Jugement complet

Mailloux c. Pratte-Lefebvre (25 mai 2022)

 

Nature du problème

Résiliation judiciaire

Opposition à un avis d’exécution

Entente de tolérance

Nouveau bail

Résumé de la demande

Les locataires s’opposent à un avis d’exécution d’une décision du Tribunal qui a résilié le bail et ordonné leur expulsion.

Résultat

Le Tribunal :

  • accueille l’opposition des locataires
  • annule l’avis d’exécution
Motifs

Le bail liant les parties a été résilié par le TAL en août 2021. Le locateur a toutefois accepté de différer l'exécution du jugement et l'expulsion des locataires. Les parties ont conclu une entente écrite permettant aux locataires de demeurer dans le logement pendant une période de 10 mois.

Une entente d’une aussi longue durée contrevient aux règles d’ordre public applicables en matière de location résidentielle. La Cour du Québec ne peut favoriser l’exécution d’un contrat qui, entre autres choses, aurait pour effet de contourner la compétence juridictionnelle exclusive du TAL.

Si l'on retire les distinctions qui contreviennent à l'ordre public, l'entente conclue par les parties est un bail de logement.

Jugement complet

Gattusso c. Grenier (30 mai 2022)

 

Nature du problème

Renouvellement du bail

Fixation du loyer

Loyer de faveur

Résumé de la demande

Les locateurs demandent :

  • la fixation du loyer mensuel à 1 200 $ en application des règles particulières relatives au loyer de faveur

(loyer mensuel de 660 $)

Résultat

Le Tribunal :

  • détermine que le loyer est un loyer de faveur
  • fixe le loyer mensuel à 945 $
Motifs

Le loyer d'un logement est considéré comme un « loyer de faveur » lorsqu'il remplit les critères prévus à l'article 1 du Règlement sur les critères de fixation de loyer, ce qui est le cas notamment lorsque le locataire est un parent ou un allié du locateur.

Le loyer du locataire est encore modulé par le lien de parenté qui existait entre sa conjointe, maintenant décédée, et les anciens locateurs, qui ont vendu l’immeuble aux nouveaux locateurs.

Le loyer exigible doit être déterminé en tenant compte de celui habituellement payé pour des logements comparables, tout en tenant compte du fait que le locataire habite son logement depuis près de 10 ans. Dans ce contexte, il y a lieu de retenir l’évaluation de l’expert des locateurs et de fixer le loyer mensuel à 820 $, en plus d’un loyer mensuel de 125 $ pour la place de stationnement.

Jugement complet

Leblanc c. Hains* (25 mars 2022)

* Rectifié le 2 juin 2022

 

Nature du problème

Reprise de logement

Copropriété indivise

Définition de conjoints de fait

Résumé de la demande

Les copropriétaires locateurs demandent l’autorisation de reprendre possession du logement pour y loger l’un deux à la suite de leur séparation.

Résultat

La demande des locateurs est rejetée.

Motifs

L'article 1958 du Code civil du Québec (C.c.Q.) permet à 2 copropriétaires indivis de reprendre un logement s’ils sont conjoints.

Les copropriétaires locateurs ne peuvent être reconnus à titre de conjoints de fait au sens de l’article 1958 C.c.Q., malgré leur cohabitation, puisque le motif ayant mené à l'envoi de l'avis de reprise du logement était leur séparation.

Selon la définition prévue à l’article 61.1 de la Loi d'interprétation, 2 conditions doivent être remplies pour que 2 personnes puissent être considérées comme des conjoints de fait. Celles-ci doivent :

  • faire vie commune;

et

  • se présenter publiquement comme un couple.
Jugement complet

Beaulieu c. Mickels (6 juillet 2022)

 

Nature du problème

Résiliation du bail

Paiement du loyer

Fraude par le concierge de l’immeuble

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la résiliation du bail
  • 20 451 $ en recouvrement des loyers impayés pour la période de mars 2019 à février 2021
Résultat

La demande de la locatrice est accueillie.

Motifs

Pendant des années, les locataires ont payé leur loyer en avance au concierge de l’immeuble en échange des travaux effectués au logement. Or, le concierge avait reçu le mandat par la locatrice de percevoir les loyers, mais pas celui de convenir d'une telle entente avec les locataires.

Les locataires n’ont pas fait les vérifications minimales auprès de la locatrice afin de vérifier si le concierge avait l’autorisation de conclure une entente avec eux, et ce, alors que plusieurs « drapeaux rouges » apparaissaient. Ils ont plutôt décidé de demeurer silencieux afin de continuer à profiter d’une situation qui leur était avantageuse.

Les locataires n’ont pas objectivement agi de bonne foi, ce qui les empêche de prétendre que le concierge avait un mandat apparent en vertu de l’article 2163 du Code civil du Québec. En conséquence, les paiements qu’ils ont effectués auprès du concierge ne les libèrent pas de leur obligation de payer le loyer à la locatrice.

Jugement complet

Société de financement alouette inc. c. A. (17 août 2022)

 

Nature du problème

Fixation du loyer

Nouveau locataire

Divulgation du loyer le plus bas payé au cours des 12 mois précédant le début du bail

Résumé de la demande

Les locataires demandent :

  • la fixation du loyer

(loyer mensuel de 1 000 $)

  • l’autorisation de compenser les sommes payées en trop sur le loyer à venir
Résultat

LLe loyer mensuel est fixé à 769 $.

Motifs

La section G du bail, qui traite du loyer payé par le locataire précédent, n'a pas été remplie par le locateur. Les locataires ont été informés que l'ancienne locataire payait un loyer mensuel de 765 $. Ils ont déposé leur demande à l’intérieur du délai de 2 mois prévu à l’article 1950 du Code civil du Québec (C.c.Q.).

Le fait pour les locataires d'avoir consenti à payer le loyer convenu, alors que le délai afin de présenter un recours en fixation de loyer n'avait pas encore expiré, ne constitue pas une renonciation à l'exercice de leur droit. Par ailleurs, la signature du bail ne constitue pas une renonciation à l'exercice subséquent d'un tel recours.

La valeur marchande locative n’est pas un critère à prendre en considération lors du processus de fixation d’un loyer en application de l'article 1950 C.c.Q.

La loi prévoit la compensation automatique entre 2 dettes certaines, liquides et exigibles. Les locataires pourront, une fois le jugement passé en force de chose jugée, déduire la somme sur le loyer.

Jugement complet

Richard-Bordon c. Apostu (14 septembre 2022)

 

Nature du problème

Avis de non-renouvellement

Coopérative d’habitation

Sous-location

Résumé de la demande

Les locataires demandent au Tribunal :

  • de statuer sur la validité d’un avis de non-renouvellement du bail
  • 5 000 $ en dommages moraux
Résultat

Le Tribunal :

  • déclare que l’avis de non-renouvellement est invalide
  • rejette la demande des locataires en dommages moraux
Motifs

La locatrice, dans son avis de non-renouvellement, reproche aux locataires d’avoir sous-loué le logement sans son autorisation, ce qui contrevenait au règlement de la coopérative d’habitation.

Les motifs invoqués par la locatrice ne lui permettent pas d’exercer son droit de ne pas renouveler le bail en vertu de l'article 1944 du Code civil du Québec. Il aurait plutôt fallu qu’elle intente un recours en résiliation de bail conformément à l’article 1863 C.c.Q.

L’omission de la locatrice d'aviser les sous-locataires du non-renouvellement du bail est suffisante pour conclure à l'invalidité de l'avis. De plus, la preuve ne permet pas d’établir que les locataires ont sous-loué leur logement pendant plus de 12 mois.

La demande en réclamation de dommages moraux est rejetée, car les locataires n’ont pas fait la preuve qu’ils avaient subi un préjudice.

Jugement complet

Lawani c. Coopérative d'habitation (16 septembre 2022)

 

Nature du problème

Reprise de logement

Avis de reprise

Délai

Résumé de la demande

Les locateurs demandent :

  • l’autorisation de reprendre le logement
Résultat

Le Tribunal :

  • rejette la demande au motif que l’avis de reprise de logement a été envoyé trop tôt
Motifs

Les parties sont liées par un bail du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022. Le 15 avril 2022, les locateurs ont fait parvenir au locataire un avis selon lequel ils souhaitaient reprendre le logement le 1er juillet 2023, soit à la fin de la période suivant le renouvellement du bail actuel.

L’avis de reprise de logement doit être transmis au locataire au moins 6 mois avant l’expiration d’un bail dont la durée fixe est de plus de 6 mois (art. 1960 C.c.Q.). Il peut être transmis plus tôt, mais il doit l’être pendant la durée du bail auquel le locateur souhaite mettre fin.

Jugement complet

Pietrantonio c. Robichaud (25 octobre 2022)

 

Nature du problème

Résidence privée pour aînés

Avis de modification

Services offerts

Compétence du Tribunal administratif du logement

Résumé de la demande

La locatrice, une résidence privée pour aînés (RPA), demande :

  • la résiliation du bail en raison d’un retard de plus de 3 semaines dans le paiement du loyer
  • le recouvrement du loyer impayé
Résultat

La demande est rejetée.

Motifs

Le Tribunal a compétence pour juger tout ce qui est relatif au bail de logement d'une RPA, mais il ne peut déterminer la nécessité des soins requis.

L’entente conclue entre les parties prévoit que la locatrice peut procéder à des évaluations ponctuelles afin de s’assurer de fournir les bons soins à la locataire.

Ce processus d'évaluation, qui peut entraîner une diminution ou une augmentation de loyer, s'apparente à un renouvellement des conditions d'un bail de logement et, à ce titre, peut entraîner la résiliation du bail et faire l’objet d’une contestation.

Ainsi, l’omission de la locatrice de répondre au refus de la locataire d’accepter les modifications proposées à l’avis de renouvellement a entraîné le renouvellement du bail aux mêmes conditions.

Jugement complet

Société en commandite RDM c. Bibeau-Robillard (26 octobre 2022)

 

Nature du problème

Reprise du logement

Consentement du locataire

Vente de l'immeuble après la reprise de possession

Mauvaise foi

Dommages punitifs

Résumé de la demande

La locataire demande :

  • 3 960 $ en dommages matériels (représentant la différence du loyer payé pendant 24 mois)
  • 5 000 $ en dommages moraux
  • 30 000 $ en dommages punitifs
Résultat

Le Tribunal accorde à la locataire :

  • 1 920 $ pour la différence de loyer qu'elle a dû payer pendant 12 mois
  • 3 000 $ en dommages moraux
  • 20 000 $ en dommages punitifs
Motifs

La locataire a consenti à ce que le locateur reprenne le logement pour y loger ses enfants, mais ces derniers ne l'ont jamais habité.

Le locateur a vendu l’immeuble moins de 10 mois après la reprise de possession en raison de difficultés financières qu’il avait déjà avant la reprise de possession.

Le locateur a repris le logement de la locataire afin de faciliter la vente de l'immeuble. Il a agi de mauvaise foi et en toute connaissance de cause et, ce faisant, a bafoué le maintien dans les lieux d’une locataire, ce qui constitue la pierre angulaire du droit du louage au Québec.

Jugement complet

Carman c. Patel (26 octobre 2022)

 

Nature du problème

Fin du bail

Décès du locataire

Prise de possession illégale du logement par le locateur

État du logement

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • le recouvrement du mois de loyer ayant suivi le décès de la locataire et les frais d'électricité afférents
  • 32 134 $ en dommages matériels

La succession de la locataire demande :

  • 384 $ en remboursement de loyer
  • 686 $ en dommages matériels
Résultat

Le Tribunal :

  • rejette la demande du locateur

et

  • accorde à la succession de la locataire :
    • 384 $ en remboursement de loyer
    • 300 $ en dommages matériels
Motifs

Le locateur est entré dans le logement de la locataire 2 jours après le décès de celle-ci, et ce, en l’absence d’une situation d’urgence l’y autorisant et sans en aviser la succession. Ainsi, il a illégalement pris possession du logement après le décès de la locataire et a mis fin au bail.

En conséquence, le locateur n’a pas droit à l’indemnité de 2 mois de loyer prévue à l’article 1939 du Code civil du Québec.

En outre, le locateur doit rembourser la portion du loyer qui a été payée après sa prise de possession illégale du logement.

Jugement complet

Manikis c. Pope (Succession de Pope) (30 novembre 2022)

 

Nature du problème

Renouvellement du bail

Avis de modification

Refus du locataire

Avis successifs

Résumé de la demande

La locatrice demande :

  • la fixation du loyer

La locataire demande :

  • le rejet de la demande au motif qu'elle est tardive
Résultat

Le Tribunal :

  • constate la péremption de la demande
  • rejette la demande d'augmentation de loyer
Motifs

La locatrice devait s’adresser au Tribunal pour faire fixer le loyer dans le mois suivant la réception de l’avis de la locataire qui avait refusé l’augmentation proposée. Les négociations entre les parties n’ont pas pour effet de prolonger ce délai. Le bail est reconduit de plein droit aux mêmes conditions.

Un avis est générateur de droits et enclenche la procédure prévue aux articles 1942 et 1945 C.c.Q., à moins qu’il ne s’agisse d’un avis irrégulier en raison d’une erreur manifeste d'écriture ou d’une non-conformité par rapport aux prescriptions de la loi.

Jugement complet

Champagne c. Dickey (29 décembre 2022)

 

Nature du problème

Entente de résiliation du bail conditionnelle à la vente de l'immeuble

Promesse d'achat

Annulation de la vente

Résumé de la demande

Le locateur demande :

  • la résiliation du bail
  • 8 158 $ en loyers perdus à la suite du départ des locataires
Résultat

Le Tribunal accorde au locateur :

  • 687,50 $ à titre de loyers impayés
Motifs

Les parties étaient liées par un bail du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022.

Les locataires, qui souhaitaient quitter le logement, ont convenu avec le locateur que leur bail serait résilié au moment de la vente de l'immeuble. Celui-ci a accepté une offre d'achat le 14 octobre 2021 et les locataires ont quitté le logement le 31 octobre suivant. Cependant, les acheteurs ne se sont pas présentés chez le notaire à la date prévue, soit le 16 novembre 2021, et ils ont refusé de conclure la transaction. L'immeuble a finalement été vendu le 29 avril 2022.

Les locataires ne sont pas responsables des loyers perdus après le 16 novembre 2021 puisque les pertes subies par le locateur à compter de cette date découlent de l'annulation de la vente par les promettants acheteurs. Ils sont cependant tenus de payer le loyer entre la date de leur départ et celle de l'annulation de la vente.

Jugement complet

Madelein c. Bourassa* (21 octobre 2023)

* Décision rectifiée

Note au lecteur : Les exemples de décisions ci-dessus ont été sélectionnés et résumés par SOQUIJ. Ils peuvent, dans de rares cas, avoir fait l’objet d’un appel ou d’un pourvoi devant une instance supérieure. Si vous souhaitez citer un de ces jugements devant un tribunal, il est recommandé de faire une vérification auprès du plumitif du palais de justice concerné. 

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